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Entrevue avec la cinéaste Véro Cratzborn


À l’occasion de la 1e canadienne du premier long métrage de Véro Cratzborn, La Forêt de mon père, nous vous proposons de découvrir le parcours riche et atypique de cette talentueuse cinéaste belge autodidacte qui veut se servir du cinéma pour donner la parole à la « jeunesse oubliée ».  

 

Originaire de l’est de la Belgique, Véro Cratzborn grandit dans un milieu populaire au cœur d’une cité située près de la ville d’Eupen. Après des études à HEC-Liège, puis en Arts et Sciences de la Communication à l’Université de Liège, elle découvre le cinéma québécois grâce à un stage au sein de la programmation du Festival international du Film francophone de Namur (FIFF).

 

Tombée en amour avec le Québec grâce au BIJ
En 1993, poussée par l’envie de découvrir ce Québec qu’elle a pu contempler dans les films de Jean-Claude Lauzon, un de ses cinéastes préférés, elle postule et obtient une bourse auprès du Bureau International Jeunesse (BIJ) pour réaliser un stage chez CTVM.info, journal d’actualités professionnelles de l’audiovisuel québécois aux côtés de Jean-Pierre Tadros.  

Ce voyage l’a considérablement marqué puisqu’il lui permit non seulement de plonger dans le monde professionnel québécois et de découvrir cette culture qui la fascinait tant, mais également de prendre l’avion pour la première fois de sa vie. Cela marque le début  d’un attachement fort pour le Québec. 

À son retour, elle se lance dans l’écriture et la réalisation. Elle écrit cinq courts-métrages diffusés à la télévision et présentés dans de nombreux festivals à l’international, mais jamais à Montréal. C’est finalement en 2013 qu’elle revient au Québec grâce à son projet de premier long métrage La Forêt de mon père (intitulé à l’époque, Les Châtelains), pour participer à l’Atelier Grand Nord, un endroit d’échanges et de rencontres, organisé par la SODEC et soutenu par la SACD Belgique

Riche de nouvelles expériences, elle multiplie les projets et devient assistante de production, réalisatrice de clips musicaux puis assistante de mise en scène de Leos Carax avant de réaliser son premier long métrage : un drame juste, personnel et lumineux qui s’inspire de son vécu.  

 

JEFpsy ou la lutte contre les « enfants oubliés »
Avec La Forêt de mon père, Véro Cratzborn souhaite mettre en lumière les « enfants oubliés », ces enfants qui grandissent ou ont grandi auprès d’un proche atteint de troubles psychiques. Se définissant elle-même comme une enfant oubliée, elle se bat aujourd’hui pour mettre fin à l’invisibilité qui touche ces jeunes et souhaite à travers son film offrir des espaces de discussion et des moments de sensibilisation comme c’est déjà le cas dans certaines écoles en Belgique et en France. 

Outre ces échanges en classe, son film se prolonge dans le réel puisqu’il a donné naissance à JEFpsy (l’acronyme de Jeune Enfant Fratrie), la première plateforme francophone internationale de partage, prévention et soutien dédiée aux 11-20 ans qui sont enfant, frère ou sœur d’une personne vivant avec des troubles psychiques. Cette plateforme rassemble actuellement4 pays (la Belgique, la France, la Suisse et le Luxembourg) eta vocation à s’élargir pour une meilleure prise en compte de ces enfants. L’écrivain et travailleur social québécois, Marc Boily, a d’ailleurs déjà rejoint le projet en tant qu’expert au sein du comité de la plateforme.

► Pour en savoir plus sur la plateforme JEFpsy

 

La Forêt de mon père est un film particulier en termes de réalisation, comme elle aime à le souligner, puisqu’il fut réalisé par une femme et co-produit par trois femmes productrices Isabelle Truc  (Iota production-Belgique donc) Nathalie Mesuret (Blue Monday Production - France) et Elisa Garbar (Louise production - Suisse). « Nous nous sommes attachées également à ce que notre équipe soit la plus paritaire possible avec des femmes à des postes peu habituels comme par exemple notre cheffe électricienne Emilie Guéret ».

Avec ce premier long métrage, Véro Cratzbon s’offre cet hiver un nouveau passage au Canada, virtuellement malheureusement compte tenu du contexte actuel, en présentant en première Canadienne son film au Festival du film de l’Union européenne de Toronto. 
 

Elle  travaille actuellement sur un projet de série, tournée dans les Fagnes belges, ainsi que sur un second long métrage et espère pouvoir un jour venir tourner au Québec et faire briller cette culture et ces paysages qu’elle apprécie tant. 

 

SYNOPSIS 
Gina, 15 ans, grandit dans une famille aimante en lisière de forêt. Elle admire son père Jimmy, imprévisible et fantasque dont elle est prête à pardonner tous les excès. Jusqu’au jour où la situation devient intenable : Jimmy bascule et le fragile équilibre familial est rompu. Dans l’incompréhension et la révolte, Gina s’allie avec un adolescent de son quartier pour sauver son père. 

► Bande-annonce

 

© Vero Cratzborn, La forêt de mon père, 2021
© Vero Cratzborn, La forêt de mon père, 2021