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Journée mondiale de la liberté de la presse : Quels engagements en Belgique francophone ?

Depuis 1993, la liberté de la presse est symboliquement célébrée chaque 3 mai dans le monde entier comme un bien public rappelant la nécessité vitale de pouvoir rechercher, communiquer et recevoir des informations librement.

 

Aujourd’hui, la situation dans le monde reste préoccupante. En 2024, 11 journalistes sont morts. 492 journalistes et 24 collaborateurs des médias sont encore détenus essentiellement en Chine, en Birmanie et au Bélarus. 54 sont otages. En 2023, 45 journalistes ont été tués dans le cadre de leurs fonctions. Un chiffre en baisse notamment en Amérique latine même si les journalistes n’y travaillent pas encore en sécurité. 84 journalistes sont portés disparus et près d’un sur trois est mexicain. Depuis octobre 2023, plus de 100 journalistes ont été tués à Gaza dont plus de 20 en exerçant leur métier.
 
Au classement mondial de la liberté de la presse publié par Reporter Sans Frontière, la Belgique a perdu quant à elle, 8 places depuis 2022 et arrive en 31ème position sur 180 pays. Même si les Belges ont relativement confiance en leurs médias, RSF constate que « les journalistes belges subissent des violences de la part de la police et des manifestants lors de rassemblements, ainsi que des menaces en ligne fréquentes ciblant surtout les femmes. »
 
Alors qu’un mélange pléthorique d’informations et d’opinions envahit nos écrans, il convient de rappeler ce que représente en Belgique, pour chaque citoyen, la liberté de la presse et comment sa garantie est un bénéfice pour nos propres libertés.

 

Un droit fondamental

La liberté de la presse est mentionnée en ces termes à l’article 25 de la Constitution belge :
« La presse est libre ; la censure ne pourra jamais être établie ; il ne peut être exigé de cautionnement des écrivains, éditeurs ou imprimeurs. Lorsque l'auteur est connu et domicilié en Belgique, l'éditeur, l'imprimeur ou le distributeur ne peut être poursuivi. »
 
La Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) considère quant à elle dans sa Déclaration de politique internationale que « le droit à l’information est un pilier de la démocratie tant en Europe que dans le reste du Monde… Par la liberté d’informer, les médias protègent le libre exercice de tous les autres droits fondamentaux ».
 
L’exercice d’informer ou de s’exprimer est donc considéré en Belgique comme une liberté fondamentale garantie par la loi. Cet aspect légal ouvre une seconde garantie celle de poursuivre tout délit d’opinion relayant des messages de haine qui atteindraient en conséquence aux autres droits humains. Il existe en Belgique des organismes comme UNIA, institution publique indépendante où signaler ces dérives de l’expression qui brouillent la notion de liberté de l’information et de la presse.
 
A l'occasion du 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, la Belgique a adopté le 11 décembre 2023 de nouveaux engagements et rejoint la Coalition pour la liberté des médias, en cette date symbolique du 3 mai.
 

 

L’information au service des citoyens, la liberté de la recherche

Crise écologique, guerres, montée des extrêmes et des populismes, appauvrissement, …, nombreux sont les enjeux sociétaux qui perturbent notre compréhension du monde. En choisissant comme thème pour la Journée mondiale de la presse 2024, « La presse au service de la planète : crise environnementale et urgence du journalisme », l’ONU ne s’y trompe pas. Dans ce contexte, un décryptage, des analyses indépendantes, des propositions de débats et de solutions s’imposent comme seuls remèdes aux défis économiques, environnementaux, sociétaux qui se multiplient et menacent l’équilibre social, la paix et les valeurs démocratiques.
 
Mais le débat public pluraliste est en lui-même menacé. La facilité et la vitesse de transmission d’informations non vérifiées à un large public sur une multiplicité de supports numériques permet en effet des campagnes de désinformations ou de mésinformations. En attaquant les socles de connaissances, en instillant le doute par des opinions affirmées dans les domaines scientifiques notamment, les informateurs - influenceurs contribuent ainsi à fragiliser le crédit porté à la profession de journaliste et en cela à sa sécurité.
 
La liberté de la presse et d’informer est ainsi étroitement liée pour certains sujets à la liberté de la recherche scientifique. En Belgique francophone cette liberté de chercher est portée par le FNRS, Fonds de la Recherche Scientifique, qui en a fait son slogan et permet aux chercheurs de développer des projets d’excellence dans tous les domaines. La garantie d’une recherche libre et indépendante favorise évidemment le traitement scientifique de l’information et offre un appui aux journalistes dans leur mission.
 
Les acteurs de l’information et le travail journalistique sont donc indispensables à la prise de conscience démocratique et l’Union européenne a choisi de l’acter en adoptant la première législation européenne relative à la liberté des médias (European Media Freedom Act - EMFA), le 13 mars 2024. Par ce règlement, les Etats membres seront tenus de protéger l'indépendance des médias et toute forme d'intervention dans les décisions éditoriales sera interdite. Ainsi les médias d’information référencées par la Journalism Trust Initiative (JTI) pourront notamment bénéficier de garanties contre la modération et la suppression arbitraires de leurs contenus en ligne par les grandes plateformes.

Journalisme et éducation aux médias

Afin de préserver la liberté de la presse et de l’information, contre la désinformation et pour la diversité, la formation aux métiers du journalisme et à l’éducation aux médias sont des assurances certaines. La Fédération Wallonie-Bruxelles développe ainsi différents programmes d’éducation aux médias.
 
La FWB propose aussi une multiplicité de formations d’excellences aux métiers de l’information et de la communication avec des spécialisations métiers dans le digital, l’audio-visuel ou l’écriture multimédia et un apprentissage critique des médias dans ses nombreux établissements d’enseignement supérieur.

  • L’Université Libre de Bruxelles (ULB) bénéficie ainsi d’un enseignement donné par des professionnels reconnus dans le monde du journalisme. Le cursus de Master est enrichi par diverses collaborations, notamment avec Radio Campus (pour le journalisme radiophonique), la Haute école HELB (pour le journalisme télévisuel) et l’École Supérieure d’Arts Saint-Luc (pour le journalisme en bande-dessinée). Les étudiants profitent de nombreuses possibilités de mobilités grâce aux différents accords avec des universités européennes et hors Europe dont la prestigieuse Missouri School of Journalism aux États-Unis.

A l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, l’ULB honorera encore cette année, les personnes et organisations qui défendent les valeurs liées à la presse et l’information libres en organisant le Difference Day en collaboration avec la Vrije Universiteit Brussel (VUB), BOZAR et d'autres partenaires tels que l'Union européenne de radiodiffusion, la Fédération européenne des journalistes, la Commission européenne, l'UNESCO, le Fonds européen pour la démocratie.

  • A l’Institut des Hautes Etudes des Communications Sociales (IHECS) et en collaboration avec l’Université Catholique de Louvain, les étudiants peuvent suivre un Master en Presse et Information spécialisées. Une centaine d’accords avec des universités partenaires dans le monde entier permet aux étudiants belges comme étrangers d’élargir leurs horizons d’apprentissage. C’est ici que Wilson Fache, reporter de guerre d’une trentaine d’années et lauréat du prestigieux prix Albert Londres en 2023, s’est formé.

Avec le soutien de Wallonie-Bruxelles International, l’IHECS a multiplié, depuis plus de dix ans, des partenariats ambitieux avec le Maroc et ses établissements d’enseignement supérieur, tels l’Université Internationale de Rabat ou l’Université Privée de Marrakech, pour favoriser la formation d’étudiants et de professeurs dans les domaines du journalisme, de la communication, de la recherche et permettre l’échange de bonnes pratiques.

(Plus d’informations sur le site du SIEP )

La liberté de la presse, la liberté pour tous

Célébrer la Journée mondiale de la presse, c’est rappeler que l’information de qualité et vérifiée est d’intérêt public et que cet enjeu demande encore plus de vigilance à l’heure où les canaux, les supports de diffusion et les professions de l’information ont muté.
 
Par son soutien aux domaines d’innovations scientifiques, au sport ou à la culture, WBI favorise une diplomatie respectueuse des droits humains. Par son implication dans les instances multilatérales, elle contribue à élaborer une bonne gouvernance mondiale afin de protéger les acteurs de la démocratie tels les journalistes. Elle s’active auprès de ses partenaires comme l’OIF qui développe son programme Médias et Liberté avec notamment l’Union internationale de la presse francophone (UPF) regroupant plus de 3000 journalistes.
 
À Paris, la Délégation Wallonie-Bruxelles suit de près les nombreuses initiatives mises en place par l’UNESCO comme le soutien aux journalistes travaillant dans des zones critiques. Ces dernières années, une attention particulière est portée aux défis spécifiques des femmes journalistes, trop souvent victimes de campagnes de menaces et de harcèlement.
 
WBI s’engage dans des projets qui contribuent à la mobilité des étudiants futurs journalistes et des intellectuels qui élargissent notre vision du monde, aux échanges entre chercheurs et universités. Elle facilite des actions qui ouvrent la formation au plus grand nombre, prône des valeurs essentielles comme le respect des libertés dont la liberté d’expression cherchant à garantir ainsi à tous les citoyens une liberté élargie.
 
 

Sources
Organisation Internationale de la Francophonie
Unesco
Parlement européen
Fédération Wallonie-Bruxelles
UNIA
Reporter Sans Frontière