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Un duo franco-belge derrière l’odyssée d’une poule insomniaque au Planétarium de Montréal

© Studio Après Minuit

Le 8 avril 2024, une grande partie de l'Amérique du Nord a vécu un exceptionnel spectacle d’ombres et de lumière entre le Soleil et la Lune. S’étendant du Canada au Mexique l’éclipse solaire fût totale pour certains et partielle pour d’autres. Le sud du ciel québécois, plusieurs millions de québécois ont pu vivre pendant quelques minutes ce phénomène astronomique rare, qui n’arrive généralement qu’une fois dans une vie.

À cette occasion, le Planétarium de Montréal a souligné l’évènement par de nombreuse activités le jour même de l’éclipse totale et en amont de celle-ci, dont la production d’un nouveau film immersif pour son dôme : Éclipse totale : à la recherche du sommeil perdu

Derrière de film d’animation ludique, chantant, coloré et fort instructif, expliquant aux publics de tous âges toutes les conditions nécessaires pour que ce spectacle arrive jusqu'à nos yeux, se cache le studio de production et Atelier d'art immersif Après Minuit, créée en 2023 par le Montois Sébastien Samyn et son associé français Charlie Leroy, tous deux installés à Montréal depuis presque une dizaine d’année.

Nous avons eu la chance de nous entretenir avec Sébastien Samyn afin qu’il nous raconte plus en détails son parcours professionnels de la Wallonie au Québec et les passionnants projets à venir pour le studio Après Minuit !


Charlie Leroy et Sébastien Samyn, Après Minuit / © DGWBQC

 

Sébastien, pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours ?
Je suis artiste numérique originaire de la région de Mons. J’ai fait mes études à l'Académie des Beaux-Arts de Tournai. J’ai commencé par travailler quelques années dans l’animation 2D et 3D en France avant de m’installer au Québec en 2015. Là, j’ai découvert un peu par hasard le monde du spectacle en intégrant le groupe du Cirque du Soleil, d’abord en tant qu’illustrateur, puis Directeur Artistique pour le contenu visuel (les projections vidéos) des shows. En plus des quelques spectacles du Cirque du Soleil, comme Drawn To life en collaboration avec les studios Disney à Orlando, j’ai eu l’occasion de travailler pour de nombreux artistes de renommée internationale, comme Céline Dion, Kiss, Future et surtout des spectacles à grands déploiements comme la cérémonie d’ouverture et de clôture des Jeux d’Asie à Jakarta en 2018. Aujourd’hui, je suis à mon compte et j’ai lancé cette année le studio Après Minuit avec mon ami et associé Charlie Leroy. Nous continuons à collaborer avec des studios montréalais sur divers projets internationaux. 

Qu’est-ce qui vous a poussé à venir au Québec ?
J’ai toujours eu envie de voyager. Après mes études, je pensais partir en Irlande pour travailler dans les studios d’animation, mais la crise de 2008 est passée par là et il était devenu compliqué d’y trouver du travail, surtout en sortant des études. J’ai eu la chance d'intégrer plusieurs studios en France où j’ai commencé à faire mon expérience, j’ai eu de belles opportunités là-bas, mais j’avais toujours envie de voyager et de découvrir un autre continent. Après avoir terminé un long projet en France, comme le Québec m’attirait beaucoup, j’ai sauté le pas. 

Et depuis combien de temps êtes-vous au Québec ?
Depuis 2015. J’ai entendu parler des PVT et ai fait une demande, ce qui m’a permis d’arriver avec un permis de travail directement. 

Comment est né le Studio Après Minuit ?
J’ai rencontré Charlie Leroy au Cirque du Soleil, nous formions une bonne équipe. Lorsque nous nous sommes lancés en indépendant, nous avons continué naturellement à travailler ensemble. Nous avons notamment eu l’occasion de collaborer avec le studio Thinkwell sur l'attraction Death Eater Mask pour le nouveau parc Warner Bros Studio Tour - The Making of Harry Potter à Tokyo. De fil en aiguille, nous avons eu envie de lancer notre structure pour réaliser nos propres projets. En 2023, nous nous sommes lancés pendant la production de Éclipse Totale

    
Tous crédits © Après Minuit 
 

Quel a été le point de départ du projet « Éclipse : à la recherche du sommeil perdu  » ?
C’est un appel à projet lancé par le Planétarium de Montréal. Ils souhaitaient produire un film de dôme expliquant le phénomène des éclipses en prévision de l'éclipse totale visible au Québec le 8 avril 2024. Avec François Guinaudeau, qui a co-réalisé le film, nous avons proposé notre idée d’une poule insomniaque, nommée Kentucky, qui part en quête de l'éclipse parfaite pour enfin s’endormir. L'idée a beaucoup plu à l'équipe du Planétarium et nous avons pu réaliser le film, en collaboration avec le collectif d'artiste Les Macronautes ! 

Comment l’idée du personnage Kentucky vous est-elle venue et comment avez-vous imaginé l’intrigue autour d’elle ?
Nous sommes une petite équipe à avoir travaillé sur ce projet. Nous avons fait pas mal de brainstorms ensemble pour imaginer une histoire originale, nous voulions produire quelque chose de décalé qui détonne dans le paysage des productions classique du film de dôme. L'équipe du Planétarium de Montréal nous a encouragés dans cette voie et nous a laissés beaucoup de liberté créative, tout en nous épaulant et en validant les parties didactiques du film. Kentucky est née de cette synergie, nous avons bâti l’idée ensemble. 

     


Tous crédits © Après Minuit 
 

Était-ce une priorité pour vous de proposer une expérience immersive au public ?
Après minuit, nous voulons développer des projets interactifs et immersifs. Nous développons plusieurs projets en VR et nous avons également d’autres projets de films de dôme en discussion. Mais au-delà de l’aspect immersif, c’est surtout le fait de développer une écriture, une nouvelle façon de raconter des histoires et de faire passer des messages qui nous anime. Que ce soit avec un projet immersif, interactif ou plus ‘’classique” dans son médium. 

    
Tous crédits © Après Minuit 

 

Quel a été le grand défi dans la réalisation de ce film ?
Le film de dôme est un format particulier pour quelqu’un qui vient du cinéma “classique”, on joue avec un cadre à 360 degrés plutôt que d'être restreint au rectangle du 16/9. C’est un peu déroutant au début car certaines mécaniques de mise en scène, de montage ou de jeu sont à réimaginer, à adapter. Après ça, le plus gros défi fut de travailler avec des marionnettes “réelles“ que nous avons intégrées dans des décors en 3D. Cela implique des contraintes techniques, de tourner sur des fonds verts de grandes dimensions malgré la petite taille de la marionnette, car avec les lentilles fish-eye utilisées pour filmer les personnages dans un angle qui correspond à l’espace 3D, nous nous sommes retrouvés à filmer les scènes dans un grand plateau mise par l’espace pour la Vie à Biosphère. Charlie a aussi mis en place un outil de prévisualisation en VR pour le tournage pour pouvoir s’assurer que la marionnette fonctionnait bien avec le décor. Pour fabriquer la marionnette, qui était un nouveau médium pour nous, nous avons collaboré avec le studio Jako Lanterne, qui est spécialisé dans la réalisation de marionnettes pour le cinéma et le cinéma d’animation. 

     

    

 

Pensez-vous qu’un cinéma immersif permet une meilleure compréhension du public ?
Une meilleure compréhension, peut-être, mais tout dépend de comment on s’en sert. Ce n’est pas parce que vous mettez de la vidéo en 360 autour du spectateur qu’il va s'intéresser au sujet. Une fois l’aspect nouveauté passé, le propos doit être rendu intéressant par son écriture, la mise en scène, le rythme, son parti pris artistique. Vous pouvez rendre quelque chose de vraiment immersif juste en jouant avec le son, ou avec un visuel très simple. C’est vraiment plus une question d'écriture et de mise en scène. 

     

Quels sont vos futurs projets professionnels et artistiques ?
En ce moment, nous développons un prototype pour une œuvre de fiction en VR pour un client. Nous avons aussi nos propres projets en cours de développement, des œuvres en VR et des projets d'installations interactives et immersives. Enfin, nous avons aussi la chance de collaborer sur le contenu du Pavillon du Canada à l'Exposition universelle d’Osaka en 2025 qui sera mis en scène par Robert Lepage, metteur en scène, scénographe, auteur dramatique, acteur et cinéaste québécois de renommée internationale, qui crée et porte à la scène des œuvres utilisant les nouvelles technologies. 

Pour en savoir plus : apres-minuit.com 

 

Souhaitons-leur tout le succès possible ! 

 

 

Éclipse totale : à la recherche du sommeil perdu

 

 

 

 

© Espace pour la vie

Suivez Kentucky, une poule vivant sur la Lune, vedette des réseaux sociaux et complètement insomniaque, dans ses aventures pour démystifier les éclipses solaires! Avec l’aide de son acolyte, l'androïde fantaisiste JOS, elle décide d’entreprendre un voyage spatio-temporel sur Terre pour trouver l’éclipse de Soleil parfaite qui lui permettra enfin de retrouver son sommeil. Découvrez avec elles les conditions qui doivent être réunies pour assister à ce phénomène unique, dans ce spectacle immersif et déjanté du Planétarium.
Bande-annonce

Horaire / Réservation : Écrire à Espace pour la vie

Dates : à découvrir jusqu'au 21 juin 2024